Le carton de tapisserie

Le modèle qui sert à réaliser une tapisserie s’appelle le « carton », d’où le nom de l’artiste qui le réalise : le peintre cartonnier.

Au moyen-âge, le carton appelé «  patron » est réalisé sur un drap ; pratiquement aucun de ces modèles anciens n’est parvenu jusqu’à nous, et, seuls les textes , archives et mémoires datant du XVème siècle nous ont permis de découvrir que les couleurs, seulement esquissées par le peintre, laissaient une grande liberté au lissier.

Ce drap, comme pour les cartons actuels, était réalisé à l’envers au format de la tapisserie.

C’est beaucoup plus tard, au milieu du XVIIIème siècle, que Jacques Nielsen imagine des œuvres calquées. En effet, à l’époque, le lissier travaillait en plaçant sous les fils de chaîne des bandes peintes qu’il changeait lorsque le travail correspondant était terminé, mais de tels cartons devenaient rapidement inutilisables.

Jacques Nielsen, en imaginant l’utilisation du calque, a permis de préserver d’innombrables dessins d’époque qui jusqu’alors étaient découpés et détruits pour réaliser les tapisseries.

C’est au début du XXème que Marius Martin, Elie Maingonnat et surtout Jean Lurçat ont défini le carton numéroté, qui permet un gain de temps considérable au tissage.

Actuellement, l’ensemble des lissiers aubussonnais tissent sur des cartons peints, des cartons numérotés ou des calques.

L’apparition de la photographie a défini une nouvelle méthode qui permet au peintre-cartonnier de suivre seulement la maquette et de voir en agrandissement photographique se réaliser son carton ; la retouche de celui-ci est néanmoins nécessaire. La photographie devient donc le « carton » et la maquette sert de référence pour les couleurs.

Toutes ces techniques, du drap à la photographie, en passant par le carton peint, le calque et le carton numéroté glissés sous les chaînes et maintenus à l’aide d’épingles, ont permis la création d’œuvres tissées réalisées à l’envers et constituent la charpente de la tapisserie d’Aubusson et de Felletin.

Pour «  la Tenture Olympe de Gouges » plusieurs mois ont été nécessaires pour réaliser les premiers cartons des tapisseries. Chantal de Decker, peintre-cartonnière de talent, s’est chargée en grande partie de retraduire les photographies pour l’exécution des premières tapisseries.


La cartonnière Chantal de Decker affectant les zones de couleurs sur le carton de l’artiste Jacques Fadat


La cartonnière Chantal de Decker et l’artiste Jacques Fadat travaillant sur le carton

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